jeudi 27 octobre 2011

Dur début de balade : pas facile à gérer, le grand-père…

Je savais bien que promener grand-père dans un endroit public ne serait pas une partie de plaisir, mais je ne m’attendais pas à un tel cirque ! Nous avons été l’attraction du quartier pendant une bonne demi-heure. Je ne serais même pas étonné que l’on passe sur une chaîne d’information locale, avec comme sous-titre : « Avis de recherche : un fou échappé de l’asile psychiatrique veut rétablir la dîme » !

Pourtant, tout commençait bien, en tout cas mieux que ce à quoi je m’attendais. La rue dans laquelle nous vivons est plutôt calme, grand-père était donc en confiance… Jusqu’à ce que l’on croise un horodateur. Objet normal de la vie quotidienne pour chacun d’entre nous, n’est-ce pas ? Eh bien, allez l’expliquer à un vieillard atteint d’Alzheimer et qui croit vivre en pleine France de l’Ancien Régime. Il fallait voir sa réaction lorsque je lui ai expliqué qu’on y mettait de l’argent pour pouvoir stationner dans la rue et que, non, cet argent n’était pas perçu par Henry IV. (Il se croyait en 1600…)

Alors Melkaridion s’est emporté : « Comment ? Qui ose prélever un impôt à la place de notre bon Roi ? Pourquoi laisse-t-on ces malandrins installer leur machine sans protester ? J’ai toujours admiré la magnanimité de notre vénéré monarque, mais, sauf le respect que je lui dois, sa grandeur d’âme confine à la mollesse ! »

J’ai d’abord cru qu’il suffirait, pour le ramener à la raison, de lui expliquer qu’aucun roi n’était spolié, puisque, en l’occurrence, il n’y en avait pas, et que l’argent récolté servait à la collectivité… Mais non ! Mon grand-père, tel Don Quichotte s’acharnant contre un moulin à vent, avait décidé qu’il se devait de « déloger ce mécanisme menaçant l’autorité royale ». Déjà, les badauds s’agglutinaient autour de nous pour observer la scène. Mon grand-père, le visage rougi par l’effort, la chevelure ébouriffée, sa souris Simone sur l’épaule – tout aussi abasourdie que moi, d’ailleurs ! – ne les voyait même pas : il s’acharnait sur le parcmètre à grands renforts de gestes rageurs et de cris scandalisés, convaincu qu’il finirait par le soumettre à sa volonté. Un sketch !

Pendant ce temps, j’essayais tant bien que mal de le raisonner tout en dispersant le troupeau de passants qui riait aux éclats devant le ridicule de la scène. Finalement, c’est l’horodateur qui a eu raison de lui, refusant obstinément céder aux multiples tentatives de mon aïeul : « Nous verrons si cet engin de malheur restera longtemps en place une fois que j’en aurai informé les plus hautes instances du royaume ! » a-t-il conclu. 

Dénouement certes peu glorieux mais qui nous a évité le pire ! Et dire que ce n'est que le début de la promenade...

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